Les émotions sont un moteur (l’étymologie latine vient de "mouvoir"), c'est-à-dire qu'elles nous poussent à agir dans la vie. Ainsi, elles sont une réponse à un problème qui se pose à l’être humain. Elles servent en quelque sorte "à survivre".
Quand on parle d'intelligence émotionnelle, on fait référence à la capacité à ressentir, comprendre, traverser, réguler et à utiliser ses propres émotions à bon escient mais également celles d’autrui.
Selon le psychologue américain Howard Gardner (“les douze intelligences multiples”), il s'agirait de "se servir de ses émotions pour permettre aux individus d’interagir efficacement avec les membres du groupe et avec le monde environnant".
Il existerait environ 4 groupes d'intelligence qui diffèrent en fonction des théories : les intelligences d’actions (interpersonnelle et intrapersonnelle), scolaires (linguistique et logico-mathématique), environnementales (naturaliste et musicale) et méthodologiques (visuo-spatiale et kinesthésique).
On est loin d'une intelligence suite à un test QI.
On peut donc se demander comment l'intelligence émotionnelle peut être un facteur de bonheur au travail ?
Qui dit intelligence émotionnelle dit émotions !
Nous humains, ressentons sans exception, 5 types d'émotions au cours de nos vies :
Ces différentes émotions sont de puissants moteurs d'action pour les êtres humains. L'organisme va déclencher spontanément des émotions et une réaction physique, face à un évènement particulier :
La colère : dirige le sang vers les mains pour frapper, on ressent de l’adrénaline.
La peur : on pâlit car le sang est dirigé vers les muscles, pour fuir.
La tristesse : permet de se confiner, pour mieux repartir.
Le dégoût : provoque une grimace faciale pour indiquer un rejet.
La joie : engendre un enthousiasme permettant de se remettre facilement d’une fatigue.
Ces différentes émotions ont 4 fonctions essentielles pour les individus : une fonction informative, une fonction prise de décision, une fonction d'action et une fonction d'adaptation.
« L’émotion est la source principale de toute prise de conscience. » Carl Gustav Jung
On parle également des 5 facettes des émotions qui nous permettent de les analyser plus précisément : les pensées associées, les modifications biologiques, la tendance à l’action ou à l'inaction, les modifications expressives ou comportementales et les expériences subjectives.
Comment développer son intelligence émotionnelle ?
Développer sa conscience émotionnelle n'est pas inné, c'est comme toute nouvelle compétence, cela s'apprend. Il faut donc passer par 5 étapes clés consécutives pour arriver à la développer et à en découvrir son plein pouvoir :
1. Identification : comment savoir que l'émotion survient ? En regardant les signes physiques, en observant et en prenant note des pensées qui surgissent.
« Les émotions sont le trait d’union entre le corps et l’esprit. » Christophe André
2. Compréhension et prise de conscience : il est possible de décortiquer son émotion grâce à plusieurs questions : de quel type d'émotion s'agit-il ? Comment s'est-elle manifestée ? Quel en a été le déclencheur ? Quel besoin sous-jacent fait-elle émerger ? Cette émotion a-t-elle été verbalisée sur le moment ? Sinon pourquoi ?
Bien souvent l’émotion dépend de la perception que l’on a d’une situation. Identifier nos biais cognitifs ou les croyances qui teintent notre perception et contribuent à orienter notre interprétation de la situation est également une bonne manière de prendre du recul par rapport à nos émotions.
3. Expression (écrite ou orale) : si exprimer à l'oral une émotion est difficile pour certaines personnes, l'écriture et notamment l'écriture intuitive sont très utiles pour soulager l'esprit. Relire ses notes, dans un second temps, permet également de leur donner moins d'intensité. Exprimer une émotion est reconnu pour avoir un impact positif sur la santé psychique, physique et relationnelle.
4. Régulation : Après avoir verbalisé ou écrit ses émotions, l'idée est ici de réguler...
L’intensité de l’émotion
Le type d’émotion
La durée de l’émotion
Les composantes de l’émotion
Sans hyper-réguler ! C’est-à-dire, les accepter sans les faire totalement disparaître. Une sorte de lâcher-prise !
5. Utilisation : après tout le chemin de l'analyse, je transforme l'émotion ressentie en actions concrètes (au choix) :
J’agis sur la situation : je trouve des solutions pour passer à l'action
Je réoriente mon attention : je détourne mon attention en pensant à une situation joyeuse
Je réévalue la situation : je reconnais aussi les bons points (on a toujours tendance à voir l'aspect négatif des choses)
J’agis sur les manifestations : je décide de faire une séance de sport ou de yoga
Je procède au partage social : j'en parle autour de moi quand l'émotion est moins forte
Pourquoi développer son intelligence émotionnelle ?
Les émotions sont donc un signal fort que quelque chose ne tourne pas rond. Elles se déclenchent pour nous indiquer un dysfonctionnement. Les prendre en compte, les décortiquer puis les comprendre nous permet de rétablir l'équilibre et de prendre soin de nous.
Nos émotions nous informent avant tout de l’insatisfaction de nos besoins, pouvant être d’ordre physiologique ou psychologique.
Développer son intelligence émotionnelle c'est aussi développer la conscience de soi, liée au principe d'écologie intégrale.
Il est alors nécessaire de faire la différence entre le "déclencheur" (externe) qu'on ne contrôle pas et le "besoin" (interne) qui vient d'être bousculé par cet évènement soudain, souvent plus profond et qui se trouve insatisfait.
Pourquoi parle-t-on d'intelligence émotionnelle dans le cadre professionnel ?
Dans la sphère professionnelle, nous avons tous des besoins clés à satisfaire :
L’autonomie
La reconnaissance / l'estime
L’appartenance (à un groupe)
Le sens / l'utilité
Les compétences (le développement professionnel)
La sécurité (financière, physique ou psychique)
Ces besoins peuvent avoir une importance différente en fonction de l'âge, des catégories socioprofessionnelles ou encore des métiers mais, dès lors qu'ils sont insatisfaits, ils peuvent être source d'incompréhensions et d'émotions.
Dans la sphère professionnelle, il est donc tout aussi important d'arriver à développer un mécanisme d'observation de ses émotions et d’arriver à les exprimer de façon assertive, c’est-à-dire en étant clair et respectueux de ses propres besoins tout en veillant à ne pas blesser son interlocuteur.
Des recherches ont d'ailleurs montré que les personnes ayant une intelligence émotionnelle élevée sont plus efficaces et plus créatives.
Comment mobiliser son intelligence émotionnelle au sein de l'entreprise ?
La combinaison de différents éléments de langage nous renseigne quant à l’état émotionnel d’autrui.
Afin d'optimiser la compréhension d'une émotion, il est crucial d'analyser et comprendre les paroles de votre interlocuteur mais aussi le langage paraverbal ou non verbal : l'intonation, le débit, les pauses ou les silences peuvent en dire long (en général, il représente 90% du message émotionnel).
Alors n'oubliez surtout pas d'observer les attitudes, les expressions du visage, les gestes ou la distance émise : un regard fuyant ou appuyé, une posture en avant ou en retrait, des gestes d'ouverture ou de fermeture, etc...
Décoder les émotions des autres demande de la sensibilité, car 90 % d’un message émotionnel est non verbal. Daniel Goleman
Les clés de succès pour mobiliser son intelligence émotionnelle :
L’écoute active ou implication consciente, active et émotionnelle d’une personne qui écoute.
Une écoute active suppose de ne pas ramener ce qui est dit à ses propres émotions ou expériences : poser des questions ouvertes, relever les émotions et reformuler les propos de la personne sans interpréter, se taire et respecter les silences, s’arrêter sur des mots, reformuler et focaliser sur le positif, soigner son attitude non verbale.
Il s'agit également d'attendre que l'autre demande de l'aide avant de donner conseil.
L’empathie ou la capacité à ressentir une émotion appropriée en réponse à celle exprimée par autrui.
L’empathie est la capacité de se mettre à la place des autres. Elle est liée à la possibilité d’imaginer le point de vue d'un autre individu tout en identifiant la réaction émotionnelle associée, dans une situation donnée.
La formation des collaborateurs et managers aux soft skills
Établir un programme de formations est essentiel pour le développement professionnel des collaborateurs. Mais souvent, les entreprises oublient les formations liées aux soft skills (gestion du stress, prise de parole en public, confiance en soi...) alors qu'elles sont tout aussi importantes dans la réalisation de nos métiers et l'épanouissement personnel.
La Certification B Corp réserve d'ailleurs de nombreuses questions concernant le développement de carrière des collaborateurs.
« Lorsque nous apprenons à gérer nos émotions, nous pouvons obtenir une perspective plus large sur n’importe quelle situation, et souvent nous sauver de la douleur et de la frustration. » Dr Childre et Howard Martin
Développer son intelligence émotionnelle pour créer un environnement de travail positif
Vous l'aurez compris, développer cette intelligence émotionnelle ne peut être que bénéfique pour le climat d'une entreprise. Elle est garante d'une harmonie et d'une meilleure communication entre les collaborateurs :
Elle favorise notre capacité à écouter, échanger et à dénouer des situations ;
Elle nous rend plus attentifs aux autres ;
Elle renforce notre confiance en soi ;
Elle fait gagner du temps ;
Elle augmente nos capacités professionnelles :-)
Comments